LES DEBUTS

J’ai démarré la saponification en février 2018. Les possibilités étaient multiples, tellement de combinaisons de couleurs, de parfums, de formes s’offraient à moi.
Très rapidement, j’ai pris connaissance de la réglementation cosmétique, obligatoire lorsque l’on met des produits sur le marché européen. Les possibilités se sont un peu amoindries ; j’allais proposer des produits à mettre sur la peau, il s’agissait donc de ne pas faire n’importe quoi.

LES HUILES ESSENTIELLES ET LES PARFUMS

Je me suis formée en aromathérapie la même année (dont j’ai obtenu un diplôme). Quand nous cherchons à faire un savon fait-maison naturel, nous pensons aux huiles essentielles pour parfumer, car ce sont des plantes après tout.
C’est donc avec elles que j’ai parfumé mes savons, comme il est conseillé sur les livres ou en ateliers. Je me rendais cependant compte que j’étais aussi rapidement restreinte, selon l’huile utilisée ; allergènes, dermocaustique, irritante, dosage… de plus, je ne me démarquais simplement pas de l’offre déjà présente.

Il m’a fallu près de deux ans de réflexion et de tests pour prendre cette décision ; je n’utiliserai pas d’huiles essentielles dans mes produits (uniquement des hydrolats dans mes shampoings).
C’est en faisant mes petites recherches (documentée, expérimenté) que j’ai décidé de travailler avec des fragrances (parfums) destinés à la cosmétique.
Celles sélectionnées sont fabriquées en France, sont documentées et mises à jour régulièrement. La plupart que j’utilise ne contient pas d’allergènes, et surtout, leur senteur est quasi anecdotique car chaque savon en contient entre 0,60 et 0,90%.
Seul « hic », ces parfums sont qualifiés de synthétiques. Si nous jouons alors sur les mots, mes savons sont à 99% naturels.
C’est un parti pris que j’ai décidé d’assumer en 2020, lorsque je me suis officiellement lancée.
Pourquoi ?
Les huiles essentielles, en mon sens, doivent garder leur vertu thérapeutique, et surtout leur ponctualité quant à leur usage. De plus, selon celles que l’on utilise, cela peut être considéré comme un gaspillage de ressources, car le rendement des matières est considérable pour extraire peu d’huile (pas toutes, mais certaines). Pour moi, la fragrance remplissait alors son rôle, contrôlée, localisée en France, documentées, et plus de choix sur les senteurs. 

LE LABEL BIO

Cela a été une grande question aussi. Les premières interactions que j’avais avec mes clients étaient à ce propos ; mes savons étaient-ils bio ? La réponse est non.
Pour ce faire, il me faudrait établir un dossier spécifique pour une demande de label. Cela est extrêmement strict, c’est ce qu’on appelle suivre un cahier des charges. Utilisant des parfums, par exemple, je ne peux prétendre au label. De même pour le « slow cosmetique ». Tant pis.

La majorité des matières premières que j’utilise est cependant issue de l’agriculture biologique. Mais qu’est-ce que cela veut dire ? Le cahier des charges en bio d’un pays producteur est-il le même qu’un autre ? La tolérance de la présence des pesticides est-elle la même pour tout le monde ? Pour moi cela ne faisait pas grand sens.
Je me suis alors penchée sur ce qui vibrait le plus avec mes valeurs : l’achat et le contact direct avec le producteur. Avoir une vue sur la condition des travailleurs/travailleuses, la qualité de la matière sans intermédiaire, un trajet direct, des prix et une rémunération plus justes.
C’est à ce jour le cas pour le beurre de karité, le chanvre, le colza et la caméline, le miel. Le but étant, au fil des ans, de trouver un maximum de petits producteurs en direct.