Fabriquer son savon est d’une relative simplicité… se lancer et vendre sa production est une autre histoire ! Respecter la réglementation, se démarquer, faire de la recherche et développement…

La réglementation

Avant de proposer un produit cosmétique sur le marché, il faut s’assurer de plusieurs choses.
Le produit fini est efficace, marque un intérêt auprès du public, a une bonne tenue dans le temps… On doit s’assurer que les matières premières sont réglementaires et traçables via des documents spécifiques.
Une personne agrée (un-e toxicologue par exemple) doit certifier la recette avant la mise sur le marché. Cette personne constitue un rapport de sécurité, et parfois le DIP (Dossier d’Informations de Produit).
Il faut ensuite enregistrer le produit sur le CPNP (portail européen qui permet un référencement auprès des autorités compétentes en cas de contrôle). Il y a aussi la conformité de l’étiquetage et de l’emballage à respecter.
Pour le reste, on doit tenir un suivi des matières premières (lots, fabrication etc.) afin de respecter une traçabilité en cas de souci, ainsi qu’un document reprenant les BPF (les Bonnes Pratiques de Fabrication). Une fois le savon sec, une mesure pH est obligatoire, si on a bien respecté les dosages soude/corps gras. Le pH d’un savon saponifié à froid se situe entre 9 et 10 (et oui, c’est basique, un savon saponifié à froid ne sera jamais neutre). Je vous invite à lire mon article sur le pH des savons.
Tout ça est déjà un sacré travail, en dehors de la fabrication.

Snoap dans tout ça ?

J’ai d’abord énormément de testé mes recettes : dosage des matières, de parfum, recherche de texture. J’ai cherché aussi à sensiblement me démarquer de l’offre existante en faisant des choix d’usage de matières. Certains savons que je proposais en 2020 ne font plus partie de la gamme (remember le savon Cacao ou le savon du Verger ?), faute de succès ou bien de rupture définitive d’une des matières qui les compose.
Autrement dit, la spontanéité n’existe pas vraiment, la nouveauté dans une gamme est en réalité réfléchie, travaillée, investie au préalable.

Le produit fini

Prenons l’exemple du savon saponifié à froid : une fois fabriqué et coulé, le savon durcit et peut être démoulé 24 à 48h après le moulage. On le met alors à sécher pendant minimum 4 à 5 semaines, selon sa composition (certains savons demandent plus de temps encore) ; on appelle cela la cure. Plus il sèche (dans de bonnes conditions), mieux ce sera. Idéalement, la température de l’atelier et son humidité ambiante doivent être régulièrement contrôlées. Un savon affiné de 24 mois d’âge à se trancher sur du bon pain au levain.

Autre exemple en cosmétique, un baume parfumé est prêt directement après sa fabrication, mais doit respecter les conditions de stockage et de PAO (période après ouverture) qui peut varier de 6 à 24 mois.
De plus, la documentation de son contenant est tout aussi importante que les matières premières qui le composent. Il doit passer un test dermatologique car c’est un produit dit « non rincé » et s’il contient du parfum, il est nécessaire de tester les réactions sur la peau.

Le prix

Si un savon saponifié à froid varie de 6 à 8€ en moyenne (parfois plus!), vous vous doutez bien que l’entièreté du montant ne nous revient pas dans la poche. On en retire la matière première, la tva, le temps de travail, les charges, tout ce qui a permis au savon d’être fabriqué et d’arriver jusqu’à chez vous. Vous mettez donc le prix pour un travail réfléchi (parfois depuis longtemps) et surtout de grande qualité, dont le processus est assez long et parfois fastidieux (mais quel régal).

Et donc…

J’imagine avoir oublié des dizaines de détails que je ne vois plus, mais vous avez au moins une vue plus claire sur ce qu’est le travail d’une savonnerie. Je suis en tous cas ravie de constater l’évolution de mon projet et de mon discours, de voir que vous êtes là, certain.es depuis le début. Tout encouragement est bon à prendre (car quand le moral est pas dingue, je puise là-dedans, j’en ai une cave pleine, y’a même plus de place pour le vin).