Le savon à travers les âges

L’histoire du savon solide est longue et riche. Ironiquement, j’ai souvent entendu « que le savon était à la mode », alors qu’il fait partie des objets de notre quotidien les plus vieux de notre histoire. Voici quelques périodes-clés.

L’Antiquité

La Mésopotamie

En Mésopotamie, les premières preuves de la fabrication de savon datent de 2800 av. J.-C. Les chercheurs ont retrouvé des tablettes sumériennes reprenant des recettes et des méthodes de fabrication de substances savonneuses.
Les Sumériens utilisaient un mélange de cendres (plantes et bois brûlé-es, riches en carbonates et hydroxydes), substances alcalines équivalentes de la soude caustique, et de corps gras (la plupart du temps, de la graisse animale, mais aussi huiles végétales) pour créer une substance savonneuse.
Contrairement à l’usage moderne du savon pour la toilette corporelle, les mésopotamiens utilisaient les premiers savons pour des raisons médicinales. Par exemple, le traitement des maladies de la peau, et pour le nettoyage des textiles. Les propriétés abrasives et désinfectantes des cendres, combinées aux graisses, permettaient de créer un produit efficace pour ces usages spécifiques. Bien que rudimentaires, les Sumériens ont non seulement développé une méthode pour créer des substances nettoyantes, mais ils ont également ouvert la voie à une meilleure compréhension de l’hygiène et de la médecine, influençant des générations de cultures à venir.

L’Egypte Ancienne

Vers 1500 av. J.-C., c’est en Egypte Ancienne que les Égyptiens utilisaient un mélange de graisses animales et végétales (huile d’olive, sésame, ricin…) avec des sels alcalins. Ils utilisaient du savon principalement à des fins médicinales et pour laver les textiles. Les Égyptiens utilisaient également du natron, une forme de carbonate de sodium naturel, trouvé en abondance dans les lits de lacs asséchés. Le natron est un nom tiré du Ouadi Natroun, la vallée « Champ-de-sel » en égyptien ancien (source : wikipedia). Les recherches montrent que les Égyptiens se souciaient de l’hygiène personnelle, de leur vivant ou dans l’au-delà. Par exemple, les prêtres devaient se laver plusieurs fois par jour avec de l’eau et du savon pour se purifier avant de participer aux rituels religieux. Le savon et d’autres substances similaires jouaient également un rôle dans le processus de momification. Les Egyptiens nettoyaient et purifiaient les corps avec ces substances avant d’être embaumés, pour la préservation des corps dans l’au-delà. Cette pratique soulignait l’importance de la pureté physique et spirituelle dans la société égyptienne.

Le monde Gréco-Romain

En Grèce antique, bien que moins documenté, le savon (tel que nous le connaissons aujourd’hui), n’était pas couramment utilisé. Il s’agissait plutôt de substances savonneuses, constituant une étape importante dans l’évolution des pratiques d’hygiène et de nettoyage.
Les Grecs ont contribué à l’amélioration et à la diffusion des techniques de fabrication du savon et à son utilisation. Les Grecs utilisaient une pâte abrasive de cendres (ou de sable) et d’huile d’olive pour se nettoyer. Les cendres de bois, tels que le hêtre, le chêne ou l’olivier, ou encore de plantes, marines ou terrestres, une fois séchées et brûlées, produisait l’ingrédient alcalin nécessaire à la transformation des corps gras en substance savonneuse.

Les Romains amélioraient la technique de fabrication de savon en utilisant de la graisse de chèvre et des cendres de bois. Ils utilisaient le savon pour le bain et le lavage des vêtements. Pline l’Ancien mentionne deux types de savon (durs et mous) fabriqués à partir de suif de chèvre et de cendres de hêtre.

Le Moyen-Âge

En Europe médiévale, la fabrication du savon devient un artisanat établi, notamment en Espagne, en Italie et en France. Les savonniers de Marseille et de Savone (Italie) étaient célèbres pour leurs savons de haute qualité. L’huile d’olive en est le principal ingrédient.

Notre époque

Au XVIIe siècle, le savon devient plus largement utilisé en Europe. L’Angleterre, la France et l’Espagne deviennent des centres importants de production de savon. La loi française de 1688 (connue sous le nom d’Édit de Colbert) réglemente la fabrication du savon. Elle exige qu’il soit fabriqué uniquement à partir d’huile d’olive pure dans certaines régions.

Au XIXe siècle, les découvertes chimiques, notamment celles de Nicolas Leblanc (qui découvre un procédé pour produire de la soude à partir de sel) et de Michel Eugène Chevreul (qui explique la chimie des graisses et des acides gras), rendent la production de savon plus efficace et moins coûteuse.

Du XXe siècle à aujourd’hui

La production de savon passe de l’artisanat à une industrie de masse avec l’introduction de procédés mécanisés. Les savons synthétiques et les détergents commencent à concurrencer le savon traditionnel. Mais à la fin du XXe/début du XXIe siècle, il y a un regain d’intérêt pour les savons artisanaux et naturels. Ils sont désormais perçus comme plus bénéfiques pour la peau et l’environnement.

Le savon solide a joué un rôle crucial dans l’hygiène personnelle et la santé publique. Il aide notamment à réduire la propagation des maladies. Il a également une importance culturelle et économique, comme dans des villes comme Marseille, en Provence, où la fabrication de savon est une tradition séculaire.

L’évolution du savon solide, depuis ses débuts rudimentaires dans l’Antiquité jusqu’à sa production industrielle moderne, reflète les progrès techniques et les changements culturels à travers les âges. Aujourd’hui, le savon solide est non seulement un produit d’hygiène quotidien, mais aussi un symbole de tradition artisanale et de retour aux pratiques naturelles et durables.

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