Les acides gras : qu’est-ce?
Les termes oléique, linoléique, ricinoléique et stéarique désignent différents types d’acides gras que l’on trouve dans les huiles végétales. Chacun de ces acides a des propriétés et des effets spécifiques. Ici, on parlera évidemment de savons et de cosmétiques.
J’ai du apprendre rapidement ce qu’étaient les acides gras lors de mes débuts en saponification, car c’est un facteur clé pour bien doser les différentes huiles végétales dans un savon. En respectant un certain pourcentage de telle ou telle huile végétale, on crée dès lors un savon équilibré (dureté, mousse…). Pour chaque famille d’acide gras, je donne des exemples d’huiles végétales qui contiennent un pourcentage majoritaire de l’acide en question. Bien sûr, chaque huile est composée de ces différents acides, ce qui la rend complexe et lui permet d’offrir des propriétés qui lui sont propres.
L’acide oléique
Acide gras monoinsaturé
Chimiquement parlant, les acides gras monoinsaturés sont des lipides qui contiennent une seule double liaison entre deux atomes de carbone dans leur chaîne. Cela rend l’huile moins compacte et donc plus liquide à température ambiante. Bien sûr, l’huile d’olive peut aussi figer à très basse température. Par ailleurs, l’huile d’olive, comme chez beaucoup de savonnier-es, est ma principale matière première. C’est l’huile la plus stable et surtout, on peut créer un savon à 100% avec. L’acide oléique se trouve principalement dans des huiles végétales telles que l’huile d’olive donc, l’huile d’avocat (que je n’utilise pas dans mes produits) et l’huile d’amande douce. On les trouve également dans certains aliments comme les noix, les graines… Hydratant et nourrissant, cet acide est idéal pour les peaux sèches. Il contribue à la souplesse et à la régénération de la peau.
Elle est la base de la majorité de mes savons, excepté le Dattier, qui met à l’honneur le beurre de karité à près de 70%. Pour ne pas trop me dépayser, l’huile d’olive est un clin d’œil à ma Provence natale.
L’acide ricinoléique
Acide gras monoinsaturé
Il ne contient une seule double liaison entre deux atomes de carbone dans sa chaîne carbonée.
Il est surtout présent dans l’huile de ricin (y’avait un indice dans la dénomination), jusqu’à 90% de sa composition. Très pénétrante et émolliente, les fabricants l’utilisent pour les soins capillaires et les cheveux secs ou abîmés. On reconnait l’huile de ricin à sa viscosité élevée. On retrouve souvent l’expression « l’huile du poil » pour la désigner : elle est idéale pour les soins des cils et des sourcils. Attention, c’est une huile à ne surtout pas avaler.
L’acide linoléique
Acide gras polyinsaturé
Cet acide comporte plusieurs doubles liaisons dans sa chaîne carbonée.
Il se retrouve principalement dans l’huile de tournesol, l’huile de carthame, l’huile de pépins de raisin, l’huile de balanites. Moins stable à la chaleur que l’acide oléique par exemple, il s’oxyde plus facilement. C’est pour cette raison que l’on préconise souvent de garder ce type d’huile au frais, ou à consommer plus rapidement. Ses propriétés apportent un renforcement de la barrière cutanée. Il aide à réguler l’hydratation et la santé de la peau. C’est un acide qui convient particulièrement aux peaux grasses et acnéiques, car il ne bouche pas les pores.
Petite parenthèse paradoxale : quid de l’huile de tournesol ou de pépins de raisins pour les fondues ? Il s’agit des versions raffinées, qui permet un point de fusion beaucoup plus élevé.
L’acide stéarique
Acide gras saturé
Il ne contient aucune double liaison entre les atomes de carbone de sa chaîne carbonée. Cela le rend résistant à la chaleur et garde la solidité du corps gras à température ambiante. Mon mnémotechnique pour retenir stéraique : stable.
C’est le cas du beurre de karité, du beurre de cacao, de l’huile de coco. Les fabricants l’utilisent dans les formulations cosmétiques comme épaississant naturel et pour stabiliser les émulsions. Solide à température ambiante donc, on peut le retrouver dans les crèmes, les baumes, les savons. Très nourrissant, il aide à protéger la peau en formant une barrière contre la perte d’humidité. J’en parle par ailleurs dans mon article sur le beurre de karité.
L’acide laurique
Acide gras saturé
Cet acide ne contient pas de doubles liaisons dans sa chaîne carbonée. C’est un acide abondant dans l’huile de palme et l’huile de coco. L’acide laurique est souvent utilisé dans les produits de beauté en raison de ses propriétés antimicrobiennes. Il peut aider à réduire l’acné et à apaiser les irritations cutanées.
Quel type d’huile(s) pour ma peau ?
En résumé, chaque acide gras a des usages spécifiques en fonction de sa composition chimique et de ses effets sur la peau ou les cheveux. C’est pour cela que je trouve pertinent de varier le type de composition de chaque savon plutôt que simplement le parfum et la couleur de ce dernier. Cela permet de trouver le savon qui vous correspond le mieux. Pour y voir plus clair :
Peaux sèches
Les huiles riches en acides gras monoinsaturés, protectrices, assouplissantes et adoucissantes et apaiser les dessèchement cutané.
> Olive, amande douce, macadamia, noisette, de balanites…
Peaux grasses, acnéique ou mixtes
Contrairement à ce que l’on croit, les peaux grasses ont aussi besoin d’être hydratées et nourries. Les huiles qu’on appelle « sèches », entre acides polyinsaturées et monoinsaturées, permettent un équilibre entre hydratation et régénération cellulaire. Cela régule ainsi les excès de sébum.
> Jojoba, noisette, nigelle, chanvre, ou même de pépins de raisin.
Peaux matures
Les huiles riches en vitamines E, aux vertus assouplissantes, raffermissantes, hydratantes et régénérantes afin d’éviter le relâchement cutané.
> argan, balanites, ou encore la rose musquée.