Savon de Marseille et Savon d’Alep

Ce sont peut être bien les savons les plus connus. Les deux sont fabriqués par saponification à chaud, mais leurs processus et ingrédients diffèrent, ce qui leur confère des caractéristiques distinctes.
Le savon de Marseille
Traditionnellement, on compose le savon de Marseille d’huiles végétales, principalement d’huile d’olive, mais il peut aussi inclure de l’huile de coco (coprah) ou d’autres huiles végétales. Il ne contient pas de graisses animales ni d’additifs comme des conservateurs. Par additifs, on entend colorants, parfums, ou graisse animale. On le fabrique via la méthode de la saponification à chaud (voir mon article à ce propos), un procédé que l’on peut aussi appeler « procédé marseillais« . Les savonniers peuvent utiliser des chaudrons en cuivre. Ce processus est long, peut durer d’une semaine à une dizaine de jours, et se déroule en plusieurs étapes.
Les différentes étapes
On appelle la première étape l’empatage.
Cela consiste à mélanger les huiles avec de la soude caustique (lessive de soude, c’est à dire eau + hydroxyde de sodium) puis à chauffer ce mélange pendant plusieurs jours (portée à ébullition). Durant ce temps, on remue constamment la pâte de savon. Cette transformation lente est la saponification.
La deuxième étape est le relargage.
On lave la pâte avec de l’eau salée. « Le savon étant insoluble dans l’eau salée, cette opération consiste en l’adjonction d’eau et de sel marin permettant d’entraîner par le fond les lessives glycérineuses et salées ; le savon va ainsi se séparer d’une partie de l’eau qu’il contient. On garde moins de 1% de glycérine, produite naturellement durant la saponification. » (Source : savons-de-marseille.com). La pâte passe à nouveau par la cuisson. On la chauffe donc à nouveau jusqu’à évaporation de l’eau, ce qui permet l’aboutissement du processus de saponification.
Le lavage est un affinage de la pâte de savon. C’est l’étape où l’on lave la pâte de savon pour éliminer les impuretés issues des huiles brutes. Par exemple, la glycérine (quelques traces peuvent perdurer), les excès de soude, les acides gras non saponifiés qui se sont formés pendant la saponification. On ajoute de l’eau salée (saumure) à la pâte de savon encore chaude. L’eau salée aide à séparer le savon des autres substances dissoutes, nommées plus haut. Le savon est moins dense que l’eau salée. Il flotte donc à la surface tandis que les impuretés se déposent au fond du chaudron. On répète cette opération plusieurs fois pour garantir un savon d’une grande pureté. Après le lavage, la liquidation. On chauffe encore le savon afin d’évaporer l’eau excédentaire. Cela permet de concentrer le savon, qui devient alors plus épais.
Après ces étapes, le savon passe par une découpe en blocs et sèche pendant quelques jours (possiblement à plusieurs semaines). On connait le savon de Marseille pour être doux pour la peau, hypoallergénique, et particulièrement pur. Sa teneur en acides gras doit être d’au moins 72%. Bonus : un lien pour reconnaître le véritable savon de Marseille, car son appellation n’est pas protégée : https://savon-de-marseille.com/blog/reconnaitre-le-savon-de-marseille

Le savon d’Alep
On fabrique le savon d’Alep principalement à partir d’huile d’olive et d’huile de baies de laurier. La proportion de ces huiles détermine la qualité et le prix du savon.
Comme pour le savon de Marseille, on utilise la méthode de la saponification à chaud. On mélange les huiles avec de la soude (extrait d’origine naturelle, souvent à partir de cendres végétales) et on les cuit ensemble dans de grands chaudrons pendant plusieurs jours.
Une fois la saponification terminée, on verse la pâte de savon sur des surfaces planes, étalée, puis découpée en cubes. C’est le versage et la découpe.
Puis vient le séchage, contrairement au savon de Marseille, le savon d’Alep subit un long processus de séchage, qui peut durer de 6 à 9 mois. Pendant ce temps, il durcit et développe une croûte extérieure marron, tandis que l’intérieur reste d’une couleur vert olive. Le savon d’Alep conserve naturellement sa glycérine (tout comme le savon saponifié à froid), et ne subit donc pas de relargage.
On apprécie particulièrement le savon d’Alep pour ses propriétés hydratantes et apaisantes, grâce à l’huile de baies de laurier. On lui attribue des vertus antiseptiques et régénérantes. Plus on augmente le pourcentage d’huile de laurier, plus le savon est doux et bénéfique pour la peau.
La majorité des consommateurs apprécie ces savons pour leur naturalité, leur pureté, et leurs bienfaits pour la peau, bien que chacun ait ses particularités selon les ingrédients utilisés et la méthode de fabrication.